En peignant "La blouse roumaine" en 1940, Henri Matisse donna à cette dernière une pérennité artistique et une reconnaissance internationale. En fait, la toile qui est aujourd’hui au Musée d’art moderne de Paris, était devenue le symbole de la roumanité et plus particulièrement de la féminité roumaine.
Mais pourquoi une blouse roumaine? On peut se poser la question, car le peintre était plus connu pour ses modèles vêtus d’atours marocains ou parisiens, plutôt qu’en robe ethnique roumaine, ou mieux encore, pour ses modèles pas vêtus du tout…
Bien que cela soit moins connu, il est vrai que le grand maître eut au moins une élève roumaine – la fascinante et patriotique artiste moldave Nina Arbore. Plus tard, Nina Arbore laissa son empreinte sur la scène roumaine dans le mouvement d’avant-garde tout comme peintre de fresques monumentales, qui décorent l’intérieur de cathédrales modernes. Il est plus que probable que Nina Arbore ait porté, à plusieurs occasions, la chemise paysanne roumaine. En tout cas, il y a des archives qui laissent à penser qu’un portrait de Nina Arbore par Matisse existerait dans la collection Shtchukin. Cela coïnciderait avec la période durant laquelle Nina était l’élève de Matisse, en 1910-1911. Le fait que le collectionneur russe Shtchukin ait pu vouloir acquérir le portrait d’une élève roumaine de Matisse peut être dû au lien très fort que la famille Arbore, de Bessarabie, avait avec les intellectuels russes en général et avec Pouchkine en particulier. Il est aussi vrai qu’avant la Première guerre mondiale, la Bessarabie, auparavant une province de Moldavie, faisait partie de l’empire russe.
Si l’on observe certaines premières toiles de Matisse, on peut y décerner l’idée d’une broderie ethnique, dans la blouse de la danseuse de 1939, Une danseuse au repos, où l’on voit une femme assise qui porte une blouse roumaine.
La même chose est vraie d’une autre toile de Matisse, Nature morte avec femme endormie, aujourd’hui dans la collection de la National Gallery of Art à Wasington DC. La personne assise est une femme qui porte une blouse brodée à longues manches, décorée dans la partie supérieure de la manche comme le sont les blouses roumaines.
Une version encore antérieure, où les verts prédominent, apparaît en 1937.
Mais comme pour toutes ses peintures, les idées de Matisse furent dans un premier temps essayées sur du papier et là encore, on peut trouver des exemples de blouses roumaines au crayon et à l’encre : l’un de ces dessins, Femme avec une blouse rêvant, est visible à la page 67 de la monographie de Volkmar Esser (Matisse – 1869-1954, Master of Colour, Taschen, Koln, 2002) et est daté de 1936. Là, les mailles fleuries abondent. C’était l’année où le Maître avait eu une commande pour le décor et les costumes d’un ballet russe.
Matisse a eu toute une collection de blouses pareilles, offertes par son ami roumain, Theodor Pallady.
Donc, de ces exemples et d’autres, dont de nombreux couvraient un mur entier à la galerie Maeght lors de l’exposition rétrospective de Matisse, en 1945, on peut penser sans équivoque que l’idée n’était pas neuve dans l’esprit de l’artiste. Quoi qu’il en soit, ce qui était nouveau à cette occasion, en 1940, était que la Blouse Roumaine était devenue au centre du sujet, le portant au premier plan et lui donnant une identité spécifique, nommée. Le modèle dans la version de 1940 est moins contemplatif comparé aux versions précédentes et regarde droit dans les yeux, avec une grande intensité et détermination. La toile a dû faire l’objet d’une discussion, voire même l’idée a pu en être soufflée lors de la visite d’un vieil ami, le peintre roumain Theodor Pallady (1871 – 1956), dont le portrait a été dessiné par Matisse, à Nice en 1940.
Selon la critique d’art Ioana Vlasiu, Pallady aurait même fait cadeau à son vieil ami Matisse d’une collection de blouses ethniques brodées. L’amitié entre Matisse et Pallady remontait à l’époque où ils étaient ensemble à l’Ecole des Beaux Arts de Paris (1891 – 1899) et qu’ils fréquentaient le studio du peintre symboliste Gustave Moreau (1826 – 1898). Moreau était un ami de Chasseriau dont le modèle préféré n’était autre que la tante de Pallady, la princesse roumaine Maria Cantacuzino (1820 – 1898). Maria devait épouser plus tard Puvis de Chavannes qui l’a prise comme modèle pour symboliser sainte Geneviève, dans les fresques qui décorent le Panthéon à Paris. A travers leur correspondance qui dura presque un demi-siècle, un lien étroit se tissa entre le Français Henri Matisse et le peintre roumain Theodor Pallady. Excepté leur proximité dans le style et l’attitude, les deux amis partageaient un grand nombre de points communs, parmi lesquels l’image des muses roumaines, plus en vue en France au XXeme siècle, était un sujet récurrent. Dans sa correspondance, Matisse accompagnait ses lettres de dessins et utilisait Pallady comme une oreille compatissante, parlant parfois de ses angoisses personnelles et artistiques. Au Musée national d’art abrité dans le Palais royal à Bucarest, la collection d’art contemporain possède un dessin au fusain d’une femme qui porte une blouse paysanne roumaine et une veste, signé de Matisse, dessin qui précède ses peintures à l’huile bien connues sur le même thème.
Mais voici que l'artiste dit: "De nouveau la guerre. Il y a ici un tel cafard, une angoisse générale qui vient de tout ce qui se dit et répète sur la prochaine occupation de Nice que j’en suis très affecté par contagion et mon travail est particulièrement difficile. Heureusement je viens de finir presque un tableau commencé il y a un an et que j’ai mené à l’aventure -en somme chacun de mes tableaux est une aventure. D’abord très réaliste, une belle brune dormant sur ma table de marbre au milieu de fruits, est devenue un ange qui dort sur une surface violette -le plus beau violet que j’aie vu, -ses chairs sont de rose de fleur pulpeuse et chaude -et le corsage de sa robe a été remplacé par une blouse roumaine ancienne, d’un bleu pervenche pâle très très doux, une blouse de broderie au petit point vieux rouge qui a dû appartenir à une princesse, avec une jupe d’abord vert émeraude et maintenant d’un noir de jais. Que tu es belle, ma messagère au bois dormant ! Tes yeux sont des colombes derrière leurs paupières. Et elle rêve d’un prince français prisonnier d’antan dont j’ai lu et relu les poèmes pour en faire un choix. Je me suis toujours méfié de la littérature, mais je ne l’ai pas seulement illustrée, je l’ai soigneusement, amoureusement recopiée, et l’on en trouve l’émerveillement dans mes thèmes." (Cantique de Matisse)
Selon la critique d’art Ioana Vlasiu, Pallady aurait même fait cadeau à son vieil ami Matisse d’une collection de blouses ethniques brodées. L’amitié entre Matisse et Pallady remontait à l’époque où ils étaient ensemble à l’Ecole des Beaux Arts de Paris (1891 – 1899) et qu’ils fréquentaient le studio du peintre symboliste Gustave Moreau (1826 – 1898). Moreau était un ami de Chasseriau dont le modèle préféré n’était autre que la tante de Pallady, la princesse roumaine Maria Cantacuzino (1820 – 1898). Maria devait épouser plus tard Puvis de Chavannes qui l’a prise comme modèle pour symboliser sainte Geneviève, dans les fresques qui décorent le Panthéon à Paris. A travers leur correspondance qui dura presque un demi-siècle, un lien étroit se tissa entre le Français Henri Matisse et le peintre roumain Theodor Pallady. Excepté leur proximité dans le style et l’attitude, les deux amis partageaient un grand nombre de points communs, parmi lesquels l’image des muses roumaines, plus en vue en France au XXeme siècle, était un sujet récurrent. Dans sa correspondance, Matisse accompagnait ses lettres de dessins et utilisait Pallady comme une oreille compatissante, parlant parfois de ses angoisses personnelles et artistiques. Au Musée national d’art abrité dans le Palais royal à Bucarest, la collection d’art contemporain possède un dessin au fusain d’une femme qui porte une blouse paysanne roumaine et une veste, signé de Matisse, dessin qui précède ses peintures à l’huile bien connues sur le même thème.
Mais voici que l'artiste dit: "De nouveau la guerre. Il y a ici un tel cafard, une angoisse générale qui vient de tout ce qui se dit et répète sur la prochaine occupation de Nice que j’en suis très affecté par contagion et mon travail est particulièrement difficile. Heureusement je viens de finir presque un tableau commencé il y a un an et que j’ai mené à l’aventure -en somme chacun de mes tableaux est une aventure. D’abord très réaliste, une belle brune dormant sur ma table de marbre au milieu de fruits, est devenue un ange qui dort sur une surface violette -le plus beau violet que j’aie vu, -ses chairs sont de rose de fleur pulpeuse et chaude -et le corsage de sa robe a été remplacé par une blouse roumaine ancienne, d’un bleu pervenche pâle très très doux, une blouse de broderie au petit point vieux rouge qui a dû appartenir à une princesse, avec une jupe d’abord vert émeraude et maintenant d’un noir de jais. Que tu es belle, ma messagère au bois dormant ! Tes yeux sont des colombes derrière leurs paupières. Et elle rêve d’un prince français prisonnier d’antan dont j’ai lu et relu les poèmes pour en faire un choix. Je me suis toujours méfié de la littérature, mais je ne l’ai pas seulement illustrée, je l’ai soigneusement, amoureusement recopiée, et l’on en trouve l’émerveillement dans mes thèmes." (Cantique de Matisse)
Matisse a réalisé cette œuvre - "La blouse roumaine", sur de la toile en utilisant la technique de la peinture à l’huile. Le tableau a pour dimension de 92 centimètres de longueur sur 73 cm de largeur.
Matisse a plus utilisé des courbes. Ces courbures témoignent la douceur et la tendresse qu’apportent les femmes. Cette blouse dessinée avec des courbures représenteraient une lueur d’optimisme et d’espoir, pendant ce temps de guerre.
Il y’a des couleurs chaudes et froides à la fois. Le rouge a une place importante dans le tableau, elle recouvre tout l’arrière plan. Elle témoigne la période de guerre. Le blanc va venir contraster avec rouge, le blanc qui a pour signification dans ce contexte, de paix. La blouse roumaine démontre le pacifisme de la femme qui la porte. Le visage de la femme est d’un rose qui tend vers le rouge, elle sentirait dépassée par cette guerre. Sur sa blouse, il ya deux grandes branches tachées de rouge, ca signifierait que deux piliers, personnes importantes ont été touché par cette guerre, voir morts. Le bleu de sa jupe, monterait la mélancolie qu’elle éprouve. Cette jupe a une connotation sexuelle, donc signifierait qu’elle manque d’affection, d’amour masculin. Le rouge et le jaune, par leur luminosité témoignerait le peu d’espoir qu’elle garde pour que l’avenir s’améliore.
Il n’ya aucune source (extérieure) de lumière. Par contre la blancheur de la blouse roumaine illumine le tableau.
La source du texte:
Centre for Romanian Studies: Pourquoi Matisse?
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