À la fin des années 1920, alors que la plupart des pays se sont déjà dotés de grandes compagnies nationales (KLM en 1919, Qantas en 1920, Delta Air Lines et Imperial Airways en 1924, Lufthansa, United Airlines et Pan Am en 1926, American Airlines en 1930), l'aéronautique française est morcelée et affaiblie par la Grande Dépression.
Dans ce contexte économique, le Parlement français vote une loi de fusion des 4 compagnies principales du transport aérien français: la CIDNA - ex. Franco-Roumaine, Air Orient, Air Union, et les lignes Farman. Les quatre compagnies fusionnées forment le 19 mai 1933 la SCELA: Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes. Le 31 mai 1933, la SCELA rachète les actifs de l'Aéropostale (du banquier Marcel Bouilloux-Lafont). C'est au cours d'une conférence de presse annonçant cette fusion que le journaliste Georges Raffalovitch, doyen dans le monde de la presse aéronautique, propose de baptiser la nouvelle compagnie "Air France". Le 17 août, un acte notarié finalise la convention de fusion. La nouvelle compagnie est une société d'économie mixte au capital de 120 millions de francs dans laquelle l’État détient au moins 25 % des actions et est représenté au conseil d’administration dans les mêmes proportions.
Mais, qui était cette compagnie Franco-Roumaine ou CIDNA (Compagnie Internationale de Navigation Aérienne) une des compagnies à l'origine d'Air France?
Paul Morand (1888-1976) raconte, au début des années 1930, dans Flèche d’Orient le vol à bord d'un avion de la CIDNA de Paris à Bucarest, en vingt heures en faisant escale à Strasbourg, Nuremberg, Vienne et Budapest à la folle vitesse de 150 km/h!
Nous sommes en avril 1920. La guerre est finie: Pierre Claret de Fleurieu, pilote de chasse émérite, décide de quitter l’armée. Homme de challenge, il entre dans la succursale française d’une grande banque roumaine : la banque Marmarosch Blanck. Et c’est avec le culot de ses 23 ans qu’il propose à Aristide Blanck, le président de la banque, un projet qu’il qualifiait lui même de fou : créer la première grande ligne aérienne internationale du monde . Une ligne régulière à travers l’Europe, qui desservira la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et pourquoi pas jusqu’à Constantinople!
Le 23 Avril 1920 le banquier roumain convoque Pierre Claret de Fleurieu dans son bureau, le nomme immédiatement Directeur Général de la Compagnie Franco-Roumaine de navigation aérienne et .. rédige un chèque de plusieurs millions à son nom: « Vous commencez demain, je vous fais une confiance totale, marchez je vous suivrai ».
A cette époque, l’aviation militaire est dirigée par un homme d’une grande expérience, le général Duval. Il accepte de quitter l’armée et devient président de la nouvelle société. La Franco-Roumaine est née …
L'année 1922 marque un tournant important: la "Compagnie Franco-Roumaine de Navigation Aerienne" a le réseau le plus important du monde avec 3144 km. Elle assure la présence des ailes françaises sur toute l’Europe centrale et orientale. Les avions français font escale tous les jours à Vienne, Budapest, Bucarest et à Constantinople.
Le 2 septembre 1923, pour la première fois au monde des passagers civils effectuaient de nuit le trajet Strasbourg-Le Bourget à bord d'un avion Caudron C6.1 F-AFCQ (biplan, trimoteur de transport pour 8 passagers) piloté par Maurice Nogues - Louis Guidon.
Le 1er janvier 1925, la Franco-Roumaine, alors la plus longue ligne du monde, pour afficher ses ambitions de développements internationaux, vers la Russie et vers la Chine en particulier, prend le nom de Compagnie Internationale de Navigation Aérienne (CIDNA). Doté d’un capital de dix millions de francs, son siège social demeure fixé au 22, rue des Pyrénées à Paris.
Un service postal par avion apparaissant deux fois par semaine fut organisé entre Constantinople et Bucarest en correspondance avec l’ Express d’Orient. Il était utilisé par le SP 502 depuis mai (usage strictement militaire en franchise). A compter du 8 juillet 1919, le transport du courrier devient autorisé pour les plis privés, mais limité aux correspondances originaires de Constantinople et à destination de Bucarest ou de la France uniquement. Une taxe aérienne d’un franc a alors été mise en place, portant l’affranchissement total de ces correspondances, pour la lettre simple, à 1,25 fr.
Grâce aux services aériens développés par la CIDNA, Bucarest est à 24 heures de vol de Paris (alors qu’il faut trois jours par le train) et Moscou à 20 heures seulement.
Sources:
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