53) Cités du monde - Bucarest, la méconnue

Bucarest, la capitale de la Valachie (1856) - "Illustrated London News"

Bucarest, fondée vers 1459, soit peu après la chute de Constantinople, n’abrite aujourd’hui que quelques monuments antérieurs au XIXe siècle, des petites églises au demeurant régulièrement reconstruites. La ville a connu une longue série de crises qui la mettent en situation de perpétuelle reconstruction. Depuis le XIXe siècle, deux cycles semblent se faire écho, faits de conflits, d’occupations militaires, d’incendies, de séismes, d’inondations et d’opérations d’urbanisme de grande ampleur. Ces cycles de destructions ont profondément modifié l’image de la capitale, d’autant que Constantinople avait cessé d’être le modèle urbain et que d’autres référents guident les reconstructions. Dans les années 1830, c’est l’occupant russe qui importe les principes d’embellissement de l’urbanisme classique. A partir des années 1860, l’état fait appel à des architectes français et s’inspire des travaux d’Haussmann ; toutefois à la fin du siècle, l’étendue de la capitale conduit plutôt à la comparer à Londres ou à Berlin. Après la Seconde Guerre mondiale, l’industrialisation de Bucarest et son extension radioconcentrique sont faites sur le modèle soviétique ; enfin dans les années 1980, la construction du Centre civique s’inspirant de Pyongyang passe par la destruction du quartier Uranus, sur une colline centrale.


Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la plupart des bâtiments sont construits en bois et en torchis. Bucarest, privée de fortifications par les Ottomans, est une ville basse rythmée par ses foires. Elle s’étend depuis les marécages du gué sur la Dambovita vers la plaine, le long des voies de communications. La ville présente une structure polycentrique, avec ses mahala, quartiers organisés autour d’une église, d’une foire ou d’un puits. Les bâtiments d’un ou deux étages tournent le dos à la rue, selon la mode orientale ; ils sont intercalés de vergers, de vignes ou de terrains vagues (maidane) qui servent alternativement de champs, de pâturage et de terrain de foire. Cette structure, sur le modèle de Constantinople, n’offre qu’une faible résistance mais permet à la ville de se reconstruire aisément après les destructions périodiques : les bâtiments sont rapidement reconstruits en matériaux locaux, les maidane servent de réserve foncière, la multiplicité des paroisses et des foires permet à la ville de subsister, même lorsqu’une importante partie de ses quartiers ont été détruits. Avec l’essor du commerce au XVIIIe siècle, les reconstructions d’églises et de monastères se font en briques et en pierres, la ville devient moins vulnérable aux incendies. Des palais et des caravansérails, les han qui sont en général offerts aux églises pour leur assurer des revenus, sont également construits dans les différents quartiers. Mais ces bâtiments nécessitent deux à trois reconstructions par siècle, comme le monastère de St Sava, qui est reconstruit en 1581, 1678, 1688, 1705, 1714, 1776, 1822 et 1838. Parfois les bâtiments trop endommagés sont abandonnés ou transformés en maidane, comme en témoignent les migrations de la cour princière. Après l’incendie de 1718 et le séisme de 1738, l’Ancienne cour (Curtea Veche) est abandonnée, les bâtiments servent de carrière de bois, de briques et de pierres. Le séisme de 1802 fait tomber les derniers murs, le terrain est alors réutilisé pour l’extension d’un marché. La Cour se déplace au Sud, sur une colline, mais après l’incendie de 1812, elle devient la Cour brûlée (Curtea Arsa), elle se déplace alors au nord, le long de l’axe principal.

"Mémoires pour servir à l'histoire de la Roumanie, provinces danubiennes", 1856.
L'auteur, Cezar Bolliac était l'un des dirigeants de la révolution valaque de 1848, et a pris l'exil après l'intervention russo-ottomane en Septembre.

Bucarest (1 Avril 1865) - "Illustrated London News", p. 300-301

Des Valaques dans les Carpates - aquarelle par Carol Popp de Szathmari

Bucarest (1850) - "Deutschland und die Welt"

« Bucarest s'affermit au centre de l'amphithéâtre valaque protégé par le grand arc carpatique, courbé comme le dos d'un portefaix turc, et appuyé à sa base sur le fleuve nourricier par où était descendu un jour l'empereur Trajan, père des Roumains »


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