14) Chronologie de la première guerre mondiale: Roumanie (1914-1919)

28 juin 1914 : Le détonateur du processus diplomatique aboutissant à la guerre est le double assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et de son épouse morganatique Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, à Sarajevo le 28 juin par un étudiant nationaliste serbe de Bosnie, Gavrilo Princip. Les autorités autrichiennes soupçonnent immédiatement la Serbie voisine d’être à l’origine du crime. L'Autriche-Hongrie interpelle l'Allemagne sur cela, mais pas l'Italie. Le 5 juillet, l’Allemagne assure l’Autriche-Hongrie de son soutien et lui conseille la fermeté. Les Autrichiens pensent battre facilement la Serbie et lui donner ainsi une bonne leçon qui calmera ses ardeurs expansionnistes. Il semble au haut commandement allemand que jamais les chances d’un succès contre la Serbie, la Russie et la France ne seraient aussi favorables. C’est la politique dite « du risque calculé » définie par le chancelier Bethmann-Hollweg. L’Autriche, quant à elle, compte profiter de l’occasion pour éliminer la Serbie en tant que puissance dans les Balkans.
Cette guerre fut surtout le fait de deux grandes alliances : la Triple-Entente et la Triple Alliance (Puissances centrales) ou la Triplice:
- La Triple-Entente était composée de la France, du Royaume-Uni, de la Russie, et des empires qu'elles contrôlaient en tant que grandes puissances coloniales. Plusieurs États se joignirent à cette coalition, dont la Belgique, envahie par l'Allemagne, qui fit appel à la France et à l'Angleterre garantes de son indépendance. Le Japon rejoignit la coalition en août 1914, l'Italie en avril 1915, le Portugal en mars 1916, la Roumanie en août 1916 et les États-Unis en avril 1917.
- La coalition de la Triple Alliance (Puissances centrales) était initialement constituée de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrie, et des empires qu'elles contrôlaient. L'Empire ottoman les rejoignit en octobre 1914, suivi un an plus tard du Royaume de Bulgarie.
- À la fin des hostilités, seuls les Pays-Bas, la Suisse, l'Espagne, les États scandinaves et Monaco étaient demeurés officiellement neutres parmi les nations européennes, mais certaines avaient participé financièrement ou matériellement aux efforts de guerre des protagonistes.

3 août 1914 : La Roumanie proclame sa neutralité en faisant valoir aux puissances centrales que l’accord secret de 1883 avec la Triplice ne devait jouer qu’en cas de guerre défensive. La classe politique est partagée mais l’opinion publique est francophile.

10 octobre 1914 : Mort du roi Carol, qui, ancien officier prussien, était naturellement favorable aux Centraux. Avènement de son neveu Ferdinand.

1915 : Le gouvernement Bratianu établit des contacts avec l’Entente mais refuse finalement de s’engager.

13 juin 1916 : Une manifestation pacifiste est brutalement réprimée à Galatz.

17 août 1916 : Le chef du gouvernement I. Bratianu signe les deux conventions politique et militaire qui placent la Roumanie dans le camp de l’Entente. C’est le succès apparent de l’offensive russe lancée en Galicie par le général Broussilov qui a encouragé la Roumanie (elle espère récupérer la Transylvanie autrichienne) à choisir le camp de l’Entente mais l’offensive russe se révèle rapidement sans lendemain.

28 août 1916 : Entrée en guerre de la Roumanie contre les Centraux. Après quelques succès initiaux en Transylvanie, les forces roumaines, qui ont dû compter avec une diversion bulgare en Dobroudja alors qu’était retardée l’offensive prévue de l’Armée de Salonique, sont écrasées par les armées allemande et austro-hongroise placées sous le commandement des généraux Falkenhayn et Mackensen.

6 décembre 1916 : Après la victoire de l’Argesh, les armées austro-allemande et bulgare se sont rejointes le 4 et Mackensen fait son entrée dans Bucarest deux jours plus tard.

janvier 1917 : Le front se stabilise en Moldavie méridionale, sur le cours de la Sereth. Les Centraux occupent les trois-quarts du pays. Les ressources agricoles et pétrolières de la Roumanie leur permettent d’atténuer les effets du blocus naval mis en œuvre par l’Entente depuis 1914.
6-20 août 1917 : Une puissante contre-offensive des Centraux répond à la tentative lancée par l’armée roumaine reconstituée en Moldavie. Le gouvernement roumain, réfugié à Jassy, ne contrôle plus qu’une petite partie du territoire national et sa capacité à poursuivre la lutte dépend entièrement de l’évolution de la situation en Russie, entrée en révolution depuis le mois de février précédent.
6 au 8 septembre 1917 : La bataille de Marasesti - Roumanie, le « Verdun roumain ». Dernière bataille importante du front de l'Est pendant la Première Guerre mondiale, elle oppose l'armée roumaine secondée par des unités russes de moins en moins motivées à l'armée allemande commandée par le général August von Mackensen. La bataille est le résultat de la tentative allemande de percer le front roumain dans la région comprise entre le cours inférieur de la rivière de Siret (Sereth) et les Carpates. Les résultats attendus par Mackensen étaient l'effondrement de la résistance roumaine en Moldavie et la capitulation de la Roumanie dont la capitale avait été provisoirement transférée fin 1916, après la chute de Bucarest, dans la ville de Iaşi (Jassy).
La bataille fut un échec pour les Allemands qui ne réussirent qu'une avancée très limitée sans toutefois arriver à percer le front. Le général roumain Jérémie Grigorescu dirigea la résistance de la Ire Armée roumaine groupée dans un front compact entre deux petits affluents du Siret, les rivières de Putna et Susiţa. La réorganisation de l'armée roumaine par la mission militaire française (général Berthelot) pendant la première moitié de l'année 1917 a beaucoup contribué à l'issue de cette bataille, défavorable aux Allemands.
Les pertes roumaines : 27 000 tués, blessés et prisonniers. Les pertes russes : 25 000 tués, blessés et prisonniers. Les pertes allemandes : 65 000 tués, blessés et prisonniers.
Mausolée de Marasesti, photographié par Ciprian Barna - 13.12.2012

4 décembre 1917 : La Russie bolchevique ayant signé avec les puissances centrales l’armistice de Brest-Litovsk, la Roumanie doit ouvrir à son tour des pourparlers pour mettre fin aux hostilités. Les négociations ont lieu à Focsani et l’accord est signé le 9 décembre.
 
10 février 1918 : Le nouveau gouvernement Averescu fait des propositions aux puissances centrales en vue de la négociation d’un traité de paix.

3 mars 1918 : Signature de la paix de Brest-Litovsk entre les Centraux et la Russie bolchevique.
5 mars 1918 : Préliminaires de paix de Buftea entre la Roumanie et les Centraux. La Roumanie doit céder l’ensemble de la Dobroudja à la Bulgarie (avec le port de Constantza) et accepter une rectification de frontière dans les Carpates.

Mars 1918 : Le pouvoir local constitué en Bessarabie à la faveur de la révolution russe (mais hostile aux bolcheviks) vote l’union avec la Roumanie.

7 mai 1918 : La Roumanie signe avec l’Allemagne la paix de Bucarest. Le nouveau gouvernement d’Alexandre Marghiloman obtient des atténuations des clauses territoriales de Buftea mais la victoire des Centraux va leur permettre d’exploiter les ressources du pays.

Novembre 1918 : Démission du gouvernement conservateur d’Alexandre Marghiloman. Le 10 novembre, la Roumanie entre de nouveau en guerre aux côtés des Alliés. Les troupes roumaines entrent en Hongrie le 16 novembre.

L’armistice de 1918, signé le 11 novembre 1918 à 5 h 15, marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la victoire des Alliés et la défaite totale de l'Allemagne.
Le cessez-le-feu est effectif à onze heures, entraînant dans l'ensemble de la France des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin d'une guerre qui a fait plus de 18 millions de morts et des millions d'invalides ou de mutilés. Les généraux allemands et alliés se réunissent dans un wagon-restaurant aménagé provenant du train d'État-Major du maréchal Foch, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.




Les pertes humaines de la Première Guerre mondiale, du côté des Alliés (l'Entente):
- Russie (hors guerre civile): 1 811 000 morts et disparus, 1 500 000 Pertes civiles (Population - en millions: 158,9)
- France et colonies: 1 375 800 morts et disparus, 300 000 Pertes civiles (Population - en millions: 39,6)
- Grande-Bretagne: 885 138 morts et disparus, 109 000 Pertes civiles (Population - en millions: 45,4)
- Italie: 651 010 morts et disparus, 589 000 Pertes civiles (Population - en millions: 35,6)
- États-Unis: 114 000 morts et disparus, 757 Pertes civiles (Population - en millions: 92)
- Roumanie: 250 000 morts et disparus, 430 000 Pertes civiles (Population - en millions: 7,5)
- Serbie: 275 000 morts et disparus, 450 000 Pertes civiles (Population - en millions: 4,5)
Proportionnellement, en nombre de combattants tués, la France est le pays le plus touché avec 1,4 million de morts et de disparus, soit 10 % de la population active masculine. En comptant les pertes civiles, la Serbie et la Roumanie, qui ont subi occupations militaires et famines, ont été encore plus durement touchées, perdant 6 à 10 % de leur population totale.

Les pertes humaines de la Première Guerre mondiale, du côté des "Puissances centrales":
-  Autriche-Hongrie: 1 100 000 morts et disparus et 467 000 Pertes civiles (Population - en millions: 51,4)
-  Empire allemand: 2 036 897 morts et disparus et 426 000 Pertes civiles (Population - en millions: 64,9)
-  Bulgarie: 87 500 morts et disparus et 100 000 Pertes civiles (Population - en millions: 5,5)
-  Empire ottoman: 800 000 morts et disparus et 4 200 000 Pertes civiles (Population - en millions: 21,3)

Pertes humaines - le bilan général:
Total général 1ère guerre mondiale: ~ 19 millions morts (Roumanie: 9% de la population totale, qui était de 7,5 millions habitants)
Total général 2ème guerre mondiale: ~ 60 millions morts (Roumanie: 4.01% de la population totale, qui était de 19,9 millions habitants)



1er décembre 1918 : Réunion de la Transylvanie à la Roumanie, votée par une assemblée de « patriotes roumains » réunis à Alba-Iulia. Le même jour, le général français Berthelot fait son entrée à Bucarest.

1919-1920 : Les traités de Saint Germain (en septembre 10, 1919 avec l’Autriche) de Neuilly (en novembre 27, 1919 avec la Bulgarie) et de Trianon (en juin 1920 avec la Hongrie) fixent les nouvelles frontières de la Roumanie.
19 avril 1919 : Les troupes roumaines engagent la lutte contre les armées hongroises et s’emparent de Budapest pour y mettre fin au régime communiste de Bela Kun. Elles agissent avec les encouragements des Alliés qui voient dans la Roumanie un élément du « cordon sanitaire » nécessaire pour contenir la poussée bolchevique en Europe.

Novembre 1919 : Premières élections générales au suffrage universel.

4 novembre 1919 : Les forces roumaines évacuent Budapest.



Sources:
La mémoire de la Grande Guerre
Photos intéressantes, ici: Médiathèque de l'architecture et du patrimoine
Français et Roumains dans la Grande Guerre
http://www.clio.fr/CHRONOLOGIE/chronologie_roumanie_d_une_guerre_mondiale_a_l_autre_1916-1945.asp
http://rosalielebel75.franceserv.com/armee-roumaine.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_de_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale
http://www.ecpad.fr/1914-1918-francais-et-roumains
http://www.princeradublog.ro/jurnal/vizite-regale-intre-romania-si-marea-britanie-1866-1927/
http://mnuai.ro/sala-unirii/?p=1
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Marasesti
Bombardement de Reims 1914: http://www.Larousse.fr/Encyclopedie

13) Le partage du monde: La quatrième conférence de Moscou (nom de code "Tolstoi"): 1944

Joseph Staline et Vyacheslav Molotov, pour les soviétiques, Winston Churchill et Anthony Eden, pour les Britanniques, se rencontrent à Moscou (9 octobre 1944 - 19 novembre 1944).
L'ambassadeur américain à Moscou, Averell Harriman et le général John R. Deane, chef de l'US Military Mission in Moscow, y participent aussi, mais en tant qu'observateurs.
On y discute de la future déclaration de guerre soviétique au Japon, mais surtout des zones d'influence soviétique et anglaise dans les Balkans, et de la Pologne d'après-guerre.
Churchill cède le control total de la Roumanie et de la Pologne aux Soviétiques.
Staline est approuvé par les Américains, qui se montrent bien plus accomodants et moins prévoyants à l'égard des Soviétiques que le Premier ministre britannique.
De même, la Bulgarie est reconnue comme "appartenant à 100% à la sphère d'intérêt soviétique".
En revanche, pour la Hongrie, il est décidé un partage par moitié. Dans les faits, il ne sera pas respecté par les Soviétiques.
La Grèce est laissée "domaine réservé" de la Grande-Bretagne.

Conservé à la Bildarchiv der Österreichischen Nationalbibliothek de Vienne, le fameux accord des « zones d'influence » contresigné par Churchill et Staline à Moscou le 9 octobre 1944, avec les « taux d'influence » suivants, respectivement pour les Alliés occidentaux et pour l'URSS: Hongrie et Yougoslavie : 50% - 50%, Roumanie: 10% - 90%, Bulgarie: 25% - 75% et Grèce: 90% - 10%, nonobstant le poids respectif des non-communistes et des communistes dans les mouvements de résistance.

La visite de Winston Churchill à Moscou en 1942

Sources:
Fact File : Second Moscow Conference
Royaume de Roumanie
Quatrième conférence de Moscou
WWII Behind Closed Doors
Hangover proved Churchill and Stalin had become pals
C'est effrayant tout ce qu'un sourire peut cacher

12) France-Roumanie, héritage commun ou liaisons dangereuses?

L’histoire des relations franco-roumaines est placée sous le signe d'un héritage commun qui a uni - à travers les âges, la Roumanie et la France dans tous les domaines de la pensée, des lettres et des arts.

Sur le plan de la littérature les noms prochaines illustrent bien cette symbiose franco-roumaine:

    Anna-Élisabeth de Noailles (1876-1933)
    Née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, poétesse et romancière française, première femme à entrer à l'Académie royale Belge de langue et de littérature françaises.
    Cette vieille et grande famille des Bibesco avait, tout au long du siécle dernier, pris une part active dans la vie littéraire française: citons Marthe Bibesco (1886-1973), cousine d'Anna, fille d'un célèbre diplomate français Jean Lahovary, qui avait épousé (à seize ans...) le prince Valentin Bibesco descendant de la Comtesse de Caraman–Chimay. Marthe a laissé un ensemble important de romans, récits et essais. Dans son salon de l'ile Saint Louis, elle recevait tous les grands noms du monde littéraire de l'époque, d'Anatole France à Paul Claudel. Hélène, fille d'un président du Conseil de Roumanie, eut deux fils, Emmanuel et Anton (promis au destin d'ambassadeur), tous deux amis intimes de Marcel Proust. Dans cette famille vouée aux mondanités, la princesse Jeanne faisait exception: elle avait choisi, à l’âge de 21 ans, d’entrer au Carmel.
    En 1904, avec d'autres femmes, parmi lesquelles Julia Daudet et Judith Gautier, fille de Théophile Gautier, Anna de Noailles crée le prix « Vie Heureuse », issu de la revue du même nom, qui deviendra plus tard le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie.
    Elle fut la première femme commandeur de la Légion d'honneur, et l'Académie française nomma un prix en son honneur et la première femme reçue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (au fauteuil 33; lui ont succédé Colette et Cocteau).
    « Impossible de rien noter de la conversation. Mme de Noailles parle avec une volubilité prodigieuse ; les phrases se pressent sur ses lèvres, s'y écrasent, s'y confondent ; elle en dit trois, quatre à la fois. Cela fait une très savoureuse compote d'idées, de sensations, d'images, un tutti-frutti accompagné de gestes de mains et de bras, d'yeux surtout qu'elle lance au ciel dans une pâmoison pas trop feinte, mais plutôt trop encouragée. Il faudrait beaucoup se raidir pour ne pas tomber sous le charme de cette extraordinaire poétesse au cerveau bouillant et au sang froid. » André Gide, Journal, 20 janvier 1910, Gallimard
    Le Premier ministre français a inauguré le nouveau site du lycée français de Bucarest "Anna de Noailles", le 11 juillet 2013.

    Ecrivain roumain de langue française qui connut une grande célébrité (Romain Rolland l'avait surnommé le Gorki des Balkans) pour mourir dans la misère, à la fois rejeté par les communistes et les fascistes.

    Nikos Kazantzakis et Panait Istrati ~1930

    Le plus célèbre poète romantique de Roumanie, Mihai Eminescu (1850-1889) a écrit le poème "Empereur et prolétaire / Împărat și proletar" sous l'influence des évènements de 1870-1871 en France.


    Il faudrait également citer Tristan Tzara (1896-1963), un des fondateurs du mouvement surréaliste, Eugen Ionesco (1909-1994) et Emil Cioran (1911-1995).

    Emil Cioran (1911-1995), Eugen Ionescu (1909-1994) et Mircea Eliade (1907-1986)
    Photo © Louis Monier-Place Furstenberg, Paris-1986


    Les récits de voyage méritent une attention toute particulière,

      Paul Morand (1886-1976)
      Célèbre diplomate et homme de lettre français, avait - dès le début de sa carrière littéraire, il avait eu des liens étroits avec la communauté roumaine de Paris, renforces par son mariage avec Hélène Chrissoveloni,  Princesse Soutzo. Il devint, pendant la dernière guerre, ambassadeur à Bucarest mais l'arrivée du pouvoir communiste suivi de la mort de son épouse allait le rendre "veuf de la Roumanie".

      Lamartine avait tout au long de sa longue carrière d'écrivain et d'homme politique, marqué le plus haut intérêt pour la Roumanie: dès 1830, il se lie d'amitié avec le poète Vasile Alecsandri (1821-1890). En 1846, devenu président d’honneur de la Société des étudiants roumains à Paris il prononce la phrase célèbre "Votre terre à la nôtre liée". Au retour de son voyage en Orient, Lamartine avait fait un long séjour à Plovdiv, aujourd'hui en terre Bulgare.


      Fernandez a célébré dans un de ses meilleurs livres, Rhapsodie roumaine le charme des promenades à travers la Moldavie.

      Citons aussi Gérard de Nerval qui donne une large place dans son Voyage en Orient à ceux qu'il nomme "les Valaques", André Breton qui décréta un jour Bucureşti “capitale du surréalisme”, Claude Magris, grand connaisseur de la "Mittel Europa" qu'il explora au fil du Danube dans un livre célèbre et Dora d'Istria (Elena Ghica) qui a laissé une œuvre foisonnante, composée de récits de voyages et de manifestes féministes.


      Les artistes viennent ensuite...

        Peintres:
        En 1861, Nicolae Grigorescu (1838-1907) obtient une bourse qui lui permet d'étudier à l’école des Beaux-arts de Paris où, dans l'atelier de Jean-Jean Cornu, il a Renoir pour condisciple.


        Theodor Aman (1831-1891), précurseur des Impressionnistes et Stephane Luchian (1868-1917), paysagiste surdoué, tiraillé toute son existence entre les enseignements contradictoires de l'Académie des Beaux Arts de Munich et de l'Académie Parisienne Jullian.

        Sculpteurs:
        Constantin Brancusi (1876-1957) qui vécut toute sa vie à Paris, véritable créateur de l'abstraction sculpturale et Camillle Claudel (1864-1943), sœur trop méconnue du célèbre dramaturge et diplomate Paul Claudel: plusieurs de ses plus belles sculptures ont trouvé refuge en Roumanie grâce à un ancien médecin de l'Institut Pasteur, Alexandre Slatineanu.

        Constantin Brancusi dans son atelier (~1933/34)
        Photo © Collection Centre Pompidou, Paris

        Musiciens:
        Georges Enescu (1881-1955), violoniste de grande renommé, chef d'orchestre, pianiste et compositeur, Dinu Lipatti (1917-1950), pianiste à la technique éblouissante, Sergiu Celibidache (1912-1996), célèbre pour sa direction d'orchestre, Gheorghe Zamfir musicien autodidacte mais virtuose du naï, la flûte de Pan roumaine.

        Cinéastes:
        Les Français n'ont longtemps connu d'autre nom roumain, dans ce domaine que celui du réalisateur hollywoodien, Jean Negulesco (1900-1993), célèbre auteur de "How to marry a millionaire" mais par la suite, Liviu Ciulei (1923-2011), Lucian Pintilie, Mircea Danieluc, Cristian Mungiu ont témoigné de l'existence d'un cinema roumain véritable.

        Gens du spectacle:
        De très nombreux acteurs et actrices se sont fait connaître à Paris depuis le siécle dernier: Alice CoceaÉdouard de Max, Jean Yonnel, Jany Holt (Ekaterina Rouxandra Vladesco-Olt) et aussi Lana Marconi (Ecaterina Ileana Marcovici): actrice et dernière épouse de Sacha Guitry et Johnny Weissmuller, le célèbre Tarzan d'Hollywood, dont la famille était originaire de Timişoara.


        Napoléon III a contribué à l'unification des principautés roumaines (1859)

        Le but de Napoléon III était d'établir un système de paix générale dans une Europe constituée d'États indépendants, d'États-nations homogènes, fondés sur les idées de la Révolution française. Chaque peuple voyant ses intérêts satisfaits, parce qu'il aurait conquis son indépendance et atteint ses limites naturelles sans chercher à les outrepasser, il n'y aurait plus de causes de conflits en Europe, donc plus de guerres. 
        Hyppolite Desprez avait beaucoup réfléchi et c'est avec passion qu'il présenta son mémoire à l'Empereur sur la nécessité d'unir la Moldavie et la Valachie qui pourraient ainsi former le noyau dur de la future Roumanie. Il y ajoutait, dès 1854, une suggestion a priori tout à fait étonnante pour accroitre la solidité de cet État: proposer la couronne à un prince étranger car aucune des grandes familles roumaines qui se battaient depuis si longtemps pour le pouvoir ne pourrait apporter la stabilité et la crédibilité d'un prince issu d'une grande famille régnante. N'était-ce pas d'ailleurs la solution qui avait été retenue lors de la formation de la Grèce et de la Belgique? L'Impératrice Eugénie fut, quant à elle, grandement sensibilisée par Mérimée qui lui présenta le jeune boyard Constantin Rosetti, et pesa sur les décisions politiques de l'Empereur.


        À l'issue du congrès de Paris (1856), outre les clauses commerciales et religieuses (libre circulation sur le Danube, neutralisation de la mer Noire, renonciation par la Turquie de son protectorat sur les chrétiens de son Empire), la Russie devait aussi renoncer à son protectorat sur les Principautés danubiennes de Moldavie et de Valachie. 
        Dans la question roumaine, les buts étaient clairs et comme l'avait prédit Michelet, le peuple moldo-valaque devait les atteindre « parce qu'il avait ce qu'ont très peu de peuples : une idée simple et forte de son avenir. » En Italie, Napoléon III fut dépassé par l'ampleur donnée à la poursuite des opérations par certains patriotes tels Garibaldi. 
        La régénération de la Roumanie ne fut pas pour Napoléon III qu'un simple épisode de deux à trois années de son règne. Elle fut en réalité une préoccupation constante durant quinze ans, jusqu'à son abdication. Durant les six années du règne du prince Cuza, il ne cessa de le conseiller et d'envoyer en Roumanie des coopérants de haut niveau qui devaient apporter encore davantage au resserrement des liens entre les deux pays.


              Français
              Roumain
              Mot français
              de même origine
              Mot latin
              correspondant
              Mot italien
              homme (être humain)
              om
              homme
              homo
              uomo
              homme (mâle)
              bărbat
              barbu
              barbatus
              barbato
              femme
              femeie
              famille, femme
              femina, familia
              famiglia
              pays
              țară
              terre
              terra
              terra
              terre
              pământ
              pavé
              pavimentum
              pavimento
              ciel
              cer
              ciel
              caelum
              cielo
              eau
              apă
              eau (occitan « aiga »), aqueux
              aqua
              acqua
              feu
              foc
              feu
              focum
              fuoco
              mou
              moale
              mou (devant voyelle, « mol »)
              mollis
              mollo
              manger
              a mânca
              manger
              manducare
              mangiare
              boire
              a bea
              boire
              bibere
              bere
              mer
              mare
              mer
              mare
              mare
              petit
              mic
              mie
              medium
              mezzo
              nuit
              noapte
              nuit
              nox, noctis
              notte
              jour
              zi
              -di (lundi, mardi, etc)
              dies
              -di (lunedi, martedi, etc), giorno, buon-dì
              front
              frunte
              front
              fruntum
              fronte
              tempe
              tâmplă
              tempe
              tempa
              tempa
              temple
              templu
              temple
              templum
              tempio
              menuisier
              tâmplar
              templier
              templum
              templare


              Liaisons dangereuses?

              Du "petit Paris des Balkans" à la révolution "à la française", la Roumanie a toujours vu en France un modèle

              Une rue Clémenceau, une autre au nom de Berthelot, le théâtre de l'Odéon, une place "Charles de Gaulle", un arc de triomphe et quelques immeubles de style haussmannien... Vous êtes bien à Bucarest. A la fin du XIXe siècle, la capitale roumaine portait déjà fièrement son surnom de "petit Paris" des Balkans.
              Les élites roumaines utilisaient alors couramment la langue de Molière et venaient étudier la médecine, les sciences ou l'architecture en France. Un héritage culturel qui pèse encore: aujourd'hui, un Roumain sur cinq parle le français et plus de la moitié des élèves étudie la langue française.

              A l'origine, une Histoire commune
                Soldats français et roumains dans leurs retranchements sur la ligne de front moldave en 1916

                Cet intérêt trouve ses racines dans l'histoire des deux pays. Pendant la Première Guerre mondiale, la jeune Roumanie créée en 1877 se range aux côtés de la Grande-Bretagne, la France et la Russie. Sa lourde défaite entraîne une occupation par l'armée allemande en 1916. Mais deux ans plus tard, c'est l'armée française d'Orient du général Berthelot qui délivre la Roumanie.  

                Mais la Seconde Guerre mondiale coupe durablement les liens entre les deux pays. En 1940, la "Garde de fer" arrivé au pouvoir par un coup d'Etat fait basculer la Roumanie dans le camp de l'Allemagne nazie. A la fin de la guerre, l'Armée rouge libère le pays, traçant une voie royale aux communistes roumains.

                De Gaulle séduit par Ceausescu - 1968
                    Il faut attendre l'arrivée au pouvoir de Ceausescu en 1965, pour que les deux pays renouent. Ceausescu devient en effet vite un élément incontournable pour les relations entre les deux blocs, grâce à sa volonté d'indépendance vis-à-vis de Moscou. Dès 1968, le "Conducator" refuse de participer au coup de Prague, et critique l'intervention des chars soviétiques en Tchécoslovaquie. Le "génie des Carpates" séduit alors jusqu'au président De Gaulle qui se rend à Bucarest la même année. Deux ans plus tard, Ceausescu est accueilli dans les palais de l'Elysée par Georges Pompidou.

                    Le président français Charles de Gaulle et le président Nicolae Ceausescu à Craiova - en Roumanie

                    A l'école roumaine, on continue de faire lire Victor Hugo et Emile Zola. Dans cette société communiste, on ne peut décemment pas enseigner l'anglais, et l'allemand rappelle de mauvais souvenirs. Quant au russe, obligatoire, il est appris à contrecoeur.

                      Alors que la situation se dégrade en Roumanie, la France ferme les yeux tout en donnant refuge à de nombreux dissidents au régime. Ceausescu est d'ailleurs interrogé avec déférence sur les chaînes de télé hexagonales, comme en 1980 sur FR3. Ce n'est que vers la fin de la décennie, que les hommes politiques français commencent à s'inquiéter pour ce peuple "ami". A l'image de Simone Veil, alors députée au Parlement européen, qui réclame un embargo sur les produits alimentaires roumains en mars 1989, quelques mois seulement avant la révolution.


                      Depuis plus d'un an déjà, le Quai d'Orsay connaît la situation et suit de près la contestation qui prend de l'ampleur. Roland Dumas sera le premier ministre des Affaires étrangères de l'Ouest à se rendre à Bucarest. Le 22 décembre, alors que Ceausescu prononce son dernier discours, il se trouve déjà sur place et lance, à son retour, l'appel à la création de "Brigades internationales" pour aider la révolte populaire.


                      Quelques jours plus tard, le Président François Mitterrand n'hésite pas à faire la parallèle entre la révolution française et les événements roumains lors de ses voeux et seulement trois mois après, la Roumanie devient membre de la Francophonie.




                      Sources:

                      11) Commémoration du 75ème anniversaire du décès de la reine Marie de Roumanie

                      Marie Alexandra Victoria d’Édimbourg: née le 29 octobre 1875 - décédée le 18 juillet 1938.

                      Oh, la vie est un cycle glorieux de chants,
                      un pot-pourri d’extra-temporalité ;
                      et l'amour est quelque chose qui ne tourne jamais mal,
                      et je suis Marie de Roumanie.

                      (poème de Dorothy Parker)

                      Oh, life is a glorious cycle of song,
                      A medley of extemporanea;
                      And love is a thing that can never go wrong,
                      And I am Marie of Roumania.

                      Marie est la fille aînée du prince Alfred d’Édimbourg qui monta sur le trône du duché de Saxe-Cobourg et Gotha (Allemagne) à la mort de son oncle le duc Ernest II en 1893 et de la grande-duchesse Marie Alexandrovna de Russie, fille du tsar Alexandre II de Russie et de la tsarine Marie de Hesse-Darmstadt.


                      Elle décède au château de Pelesch et elle est inhumée à côté de son mari (Ferdinand Ier de Roumanie) au monastère de Curtea de Argeș.
                      Conformément à son désir, lors de son décès le 18 juillet 1938, le coeur de la reine Marie de Roumanie fut enterré dans la chapelle du Palais de Balchik au bord de la Mer noire. Lorsque la région de Balchik devint bulgare, la princesse Ileana de Roumanie, fille de la défunte reine, prit la décison d’enterrer le coeur dans une chapelle à proximité du château de Bran en Transylvanie.


                      Après le départ en exil du roi Michel en 1948, le coeur de la reine Marie fut transféré au Musée National d’Histoire de Bucarest. Aujourd’hui, les autorités roumaines ont décidé de « prêter » le coeur de la reine Marie jusqu’en 2013 au musée qui va s’ouvrir au sein du château de Bran, dont les héritiers de la princesse Ileana ont repris possession. 



                      Le coeur de la reine Marie est placé comme à l’origine dans une petite boite en argent, elle-même déposée dans un plus large écrin en argent incrusté de diamants, rubis et autres pierres précieuses qui avait été offert à la princesse Marie de Saxe-Cobourg lors de son arrivée en Roumanie à l’occasion de son mariage par une organisation de femmes roumaines.

                      Sources:
                      Découvrez des photos prise à Balchik...
                      http://www.tkinter.smig.net/QueenMarie/Gallery/index.htm
                      http://www.noblesseetroyautes.com/nr01/2009/05/le-coeur-de-la-reine-marie-de-roumanie-de-retour-a-bran/
                      http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_de_Saxe-Cobourg-Gotha
                      http://adevarul.ro/cultura/istorie/75-ani-moartea-reginei-maria-1_51e6f606c7b855ff564bb7a5/index.html
                      http://www.noblesseetroyautes.com/nr01/2009/12/portrait-marie-de-roumanie/

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